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Comment lire ses taux de cholestérol ?

Dernière mise à jour : 11 juil.


Le LDL n’est pas forcément le marqueur le plus important dans le risque cardiovasculaire, comme avoir une crise cardiaque ou un AVC. Quand nous parlons de cholestérol, il y a encore peu de temps, la crainte était d’avoir un marqueur de LDL trop élevé, ce qui pouvait signifier un plus haut risque de maladies cardiovasculaires. Mais c’est un peu plus compliqué que ça, et vous allez voir que ne prendre en considération que votre LDL ne vous apporte que peu d’informations sur vos réels risques d’avoir une crise cardiaque ou un AVC. Aujourd’hui je vous propose d’analyser vos taux, pour mettre en évidence vos réels risques, et nous verrons en bonus 6 solutions à mettre en place pour limiter ceux-ci.


Alors commençons. De toute évidence le corps a besoin de cholestérol, car il entre dans la constitution des sels biliaires, de la vitamine D, des hormones stéroïdes, comme le cortisol, aldostérone, testostérone, oestrogènes et progestérone. Puis il constitue un élément majeur des membranes plasmatiques (les membranes qui délimite vos cellules).


Alors c’est quoi le HDL et LDL ? Faisons le point.

Dans le sang, le cholestérol est véhiculé par des transporteurs. Ces transporteurs sont des lipoprotéines. Il existe deux types de lipoprotéines (HDL et LDL). Le HDL a un pouvoir protecteur des vaisseaux : elles récupèrent le cholestérol en excès au niveau des artères et des organes et le transportent vers le foie, assurant ainsi le « nettoyage » des vaisseaux sanguins et y limitant les dépôts graisseux. Le cholestérol HDL est donc le bon cholestérol. A l’inverse, le LDL transportent lui le cholestérol du foie vers les cellules de l’organisme et peuvent, au passage, en déposer sur les parois des artères, favorisant ainsi la formation de plaques de graisses sur les parois artérielles. Les conséquences peuvent aller jusqu’à l’accident vasculaire par formation d’un caillot, en effet les plaques de graisses épaississent au fil du temps, gênant de plus en plus la bonne circulation du sang, voir la bloquant. Le cholestérol LDL est donc, vous l’aurez compris, le mauvais cholestérol, surtout lorsqu’il est oxydé.


En tout cas, votre médecin regarde ses 2 marqueurs, et si votre LDL est trop haut, et bien peut-être qu’il va vous conseiller, ou il vous a déjà conseillé de manger moins de graisses d’origine animale et peut-être aussi prendre des statines. Il y a une controverse aujourd’hui avec les statines et nous allons voir ça maintenant.



Les statines abaissent votre niveau de LDL, c’est certains, mais est-ce qu’elles vous empêchent pour autant d’avoir des problèmes cardiovasculaires, est-ce qu’elles vous empêchent de mourir d’une crise cardiaque par exemple ? Et bien en fait-il y a un paradoxe aujourd’hui. De plus en plus de personnes ont des maladies cardiovasculaires, des crises cardiaques, et pourtant il y a moins de décès. Pourquoi ? Car la prise en charge lors d’une crise cardiaque est beaucoup plus connu et performante aujourd’hui, les personnes eux-mêmes sont davantage au courant des premiers symptômes, et la pause de stent augmente. Le stent est un petit tube à mailles utilisé pour maintenir le passage ouvert dans les artères, c’est devenu une intervention ultra courante en cardiologie, pour prévenir le rétrécissement de l’artère coronaire. Donc même si moins de personnes meurent de crise cardiaque de par une meilleure prévention, aujourd’hui davantage de personnes ont de risque de faire une crise cardiaque malgré la prise de statines.


Vous allez me dire, mais cela n’a pas de sens, car les statines font baisser le taux de LDL, nous devrions avoir donc moins de probabilité d’avoir une crise cardiaque ? Et bien, pas forcément.


En fait il y a deux types de LDL, le premier représente 80% du cholestérol qui circule dans votre système sanguin, c'est celui qui augmente quand vous mangez des aliments gras, c'est aussi celui-ci qui baisse quand vous prenez des statines. Ce LDL est neutre, et ce n'est pas ce LDL qui cause l'accumulation des plaques de graisses le long des artères, et qui augmente donc votre risque de maladies cardiovasculaires. Il y a un autre type de LDL, que nous appelons la lipoprotéine (a). Et le réel problème est avec ce second type de LDL. Crée à 20% par le corps, la lipoprotéine (a) cause des problèmes métaboliques souvent en lien avec l’ingestion d’aliments transformés, riche en sucres raffinés, et certains hydrates de carbones.


Ce type de LDL est le plus athérogène, du fait d’une affinité plus grande avec la paroi artérielle. Une fois déposées au niveau de la paroi artérielle, cette lipoprotéine(a) provoque des modifications enzymatiques ou chimiques, et les produits de ces modifications, sont capables d’entraîner une réponse inflammatoire, qui est ensuite elle-même responsable du développement des plaques de graisses dans vos artères. De plus, la lipoprotéine (a) inhibe le fibrinolyse qui permet normalement la dissolution des caillots quand la plaque graisseuse est rompu, et le caillot peut donc bloquer entièrement la circulation du sang vers les organes. Résultats : crise cardiaque, ou AVC accident vasculaire cérébral. Et malheureusement les statines ne peuvent rien contre ce type de LDL, car autant nous pouvons doser la lipoprotéine(a), mais comme le dit si bien la revue du praticien en Mai 2022, son dosage n’est plus remboursé faute de traitement capable d’en abaisser les taux. Et oui, ils n’ont pas encore trouvé de traitement.


Je vous propose d’aller plus en détail avec cette étude paru en 2021. L’objectif de cette étude était d’examiner les facteurs augmentant les risques de maladies cardiovasculaires chez plus de 28000 femmes, la majorité ont été suivi pendant plus de 20ans.


Est-ce que cette étude a montré qu’un taux de LDL élevé était le premier facteur pour déterminer un risque de crise cardiaque ou AVC ? Clairement non, celui-ci n’est même pas dans le top 10.


Le premier facteur, le plus important, et dont vous allez devoir faire attention, est le diabète de type 2, l’insulinorésistance. Puis ensuite, vient les syndromes métaboliques, l'hypertension, l'obésité et le tabagisme. Conclusion : le diabète et la résistance à l'insuline, en plus de l'hypertension, de l'obésité et du tabagisme, semble être les facteurs de risque les plus importants d'apparition prématurée de maladies cardiovasculaires.


Vous allez me dire, mais alors, si le LDL n’est pas à prendre en compte en premier lieu, comment évaluer mes risques cardiovasculaires, mon risque de faire une crise cardiaque, un AVC ? Alors je vous rassure, le LDL n’est pas le seul marqueur à prendre en compte, et avant de prendre des statines, je vous suggère de comprendre l’ensemble du problème. Le vrai problème, et le premier facteur qui a été mis en avant dans l’étude précité, est la présence de maladies métaboliques comme le diabète, par la résistance à l’insuline causé principalement par une mauvaise alimentation, et un manque d’exercice physique. La régulation de la glycémie va être un objectif essentiel. Dans un premier temps, afin d’évaluer vos risques à un prédiabète, une prise de sang va être nécessaire. Il va falloir demander à votre médecin de tester en plus de votre glycémie à jeun, de doser l’hémoglobine glyquée (HBA-1c), cela vous donnera une estimation de la glycémie moyenne sur les deux derniers mois.


En fait quand votre corps ne peut pas utiliser le sucre correctement, alors une plus grande quantité adhère à vos cellules sanguines et s'accumule dans votre sang. Et une hémoglobine glyquée (HbA1c) élevée signifie que vous avez trop de sucre dans le sang. Et cela signifie que vous êtes plus susceptible de souffrir d’un prédiabète, ou d’un diabète et donc de souffrir du 1er facteur qui peut provoquer une crise cardiaque ou un AVC. Et juste prendre la glycémie à jeun ne vous apportera pas cette information. En fait, beaucoup de personnes sont prédiabétiques mais en testant uniquement la glycémie du matin à jeun, vous ne pourrez pas le savoir.


Alors le problème, quand le médecin indique de couper les graisses, les gens vont faire quoi ? Ils vont davantage manger des hydrates de carbones, du sucre, croyant que le seul problème vient des graisses, et bien maintenant vous savez que non. D’ailleurs, une étude a été réalisé sur le régime méditerranéen qui n’est pas une diète pauvre en graisses, elle est riche en huile d’olive, et cette étude a montré de bien meilleurs effets que les statines sur la prévention de maladie cardiovasculaire.


Mais autre point important, quand nous voulons évaluer les risques cardiovasculaires d’une personne, et donc de crise cardiaque, il y a un autre marqueur à regarder, ce sont les triglycérides. Les triglycérides sont une forme de lipides, au même titre que le cholestérol : ils sont composés de molécules de glycérol, d’acides gras et sont stockés dans les tissus adipeux. Ils sont fabriqués par notre organisme au niveau de l’intestin grêle, à partir des graisses apportées par l’alimentation et lors de la dégradation des sucres rapides par le foie. Ils constituent une réserve d’énergie pour notre corps. En revanche, plus votre marqueur est haut, plus vous avez un risque de maladie métabolique comme le diabète, maladie du foie gras, NASH, stéato-hépatite non alcoolisé, et un risque de crise cardiaque.


Voyons maintenant les marqueurs qui révèlent véritablement un risque de maladies cardiovasculaire, de résistance à l’insuline, et de syndrome métabolique. Si votre niveau de triglycérides est au-dessus de 3.8 millimole par litre, cela indique que vous souffrez très probablement d’une maladie métabolique. Et l’autre marqueur très important est de regarder le HDL. Si celui-ci est au-dessus de 1.5 millimole par litre, c’est un véritable signe d’une protection cardiovasculaire, c’est bon signe.


Mais si celui-ci est inférieur à 1 pour les hommes et 1.3 pour les femmes, cela augmente le risque de maladies cardiovasculaires. Je vous présente un ratio facile à calculer, que vous pouvez faire par vous-même, si vous divisez le taux de Triglycérides (TG) par le taux de HDL, et que vous obtenez un nombre supérieur à 2.5 pour une personne de type caucasien, et 1.5 pour une personne de peaux foncé, alors vous souffrez probablement de syndrome métabolique.


Alors récapitulons : Si vous avez comme la grande partie de la population un LDL entre 3 et 4.9 millimole par litre, il faut regarder les taux de Triglycérides (TG) et de HDL, ainsi que le ratio entre Triglycérides et HDL pour évaluer vos risques.


Et souvenez-vous que si vous possédez un taux de Triglycérides supérieur à 3.8 millimole par litre, cela est directement lié à un syndrome métabolique qui provient d’une alimentation trop riche en hydrates de carbone comme le pain, les pâtes, pâtisseries. Alors quoi faire pour limiter les risques cardiovasculaires ?


Voici 6 conseils :


Conseil numéro 1. Il va falloir revoir votre alimentation, soit en prenant contact avec un nutritionniste, ou en suivant les conseils de la société Suisse de Nutrition pour préparer des assiettes mieux équilibrées. Et cela implique une majorité de légumes, 50% de votre assiette. Et pour l’ensemble des céréales, pain, pâtes, cela ne devrait représenter qu’1/4 de votre assiette. Et le ¼ restant des protéines comme la viande, le poisson…


Conseil numéro 2. Attention à la balance entre oméga-3 et oméga-6. Aujourd’hui les régimes alimentaires occidentaux sont déficients en acides gras oméga-3 et contiennent des quantités excessives d'acides gras oméga-6 augmentant ainsi les risques cardiovasculaires, mais aussi de nombreuses maladies chroniques. Donc, ajoutez des aliments riches en oméga-3, et limiter les huiles de maïs, soja, tournesol raffinées riche en oméga-6, tout en limitant les plats préparés contenant ses huiles.


Conseil numéro 3. Certains compléments peuvent s’ajouter à la révision de votre alimentation, ce sont les oméga-3 provenant des huiles de poisson qui ont montré une baisse des Triglycérides et du LDL du fait qu’ils réduisent l’inflammation. Et gardez bien en mémoire que toute inflammation (indiqué par le marqueur de la CRP lors d’une prise de sang), contribue à la formation de plaques de graisses, ce qui est le cas dans les maladies métaboliques comme le diabète.


Conseil numéro 4. Limiter aussi les gras trans avec les aliments fris, mais aussi quand vous faites trop chauffer une huile. Par exemple, quand vous faites chauffer une huile d’olive au-delà de son point de fumage entre 160 et 180 degrés, la graisse monoinsaturé contenu dans l’huile d’olive sous la forme Cis, va se convertir sous la forme Trans. Privilégiez la cuisson douce comme à la vapeur, et éliminer les aliments fris.


Conseil numéro 5. Limiter au maximum la consommation de cigarettes. Il est dans le top 10 des facteurs provoquant des maladies cardiovasculaires.


Conseil numéro 6. Reprendre une activité physique au quotidien comme la marche, minimum 30 minutes par jour.




Références :



3. https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/01.CIR.103.13.1823

Avantages d'un programme national d'éducation sur le cholestérol de style méditerranéen


4. https://bmjopen.bmj.com/content/5/9/e007118

L'effet des statines sur la survie moyenne dans les essais randomisés, une analyse du report du point final


5. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6019636/

Statines : avantages et inconvénients


6. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2836530/

Une statine aide les personnes ayant un LDL-C normal et une hs-CRP élevée, mais qu'est-ce que cela signifie ?


7. https://www.louvainmedical.be/fr/article/la-lipoproteine-renaissance-dun-facteur-de-risque-cardiovasculaire

La lipoprotéine (a) : renaissance d’un facteur de risque cardiovasculaire.


8. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1609581

Evacetrapib et résultats cardiovasculaires dans les maladies vasculaires à haut risque


9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28877913/

Abaissement du cholestérol des lipoprotéines de basse densité pour la prévention primaire des maladies cardiovasculaires chez les hommes présentant des élévations primaires des taux de cholestérol des lipoprotéines de basse densité de 190 mg/dL ou plus : Analyses de l'essai randomisé de 5 ans WOSCOPS (West of Scotland Coronary Prevention Study) et suivi observationnel de 20 ans


10.https://www.framinghamheartstudy.org/fhs-for-researchers/

Etude cardiaque de Framingham


11.https://www.nhlbi.nih.gov/science/framingham-heart-study-fhs

Étude cardiaque de Framingham


12.L'importance du rapport acides gras essentiels oméga-6/oméga-3

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12442909/#:~:text=Several%20sources%20of%20information%20suggest,%2F1%2D16.7%2F1.


13.Walldius G, Jungner I, Holme I, Aastveit Ah, Kolar W, Steiner E. High apolipoprotein B, low apolipoprotein AI, and improvement in the prediction of fatal myocardial infarction (AMORIS study) : a prospective study. Lancet 2001 ;358:2026-33.


14.Walldius G, Jungner I, Aastveit A.H, Holme I, Furberg C.D And Sniderman A.D. The apoB/apoA-I ratio is better than the cholesterol ratios to estimate the balance between plasma proatherogenic and antiatherogenic lipoproteins and to predict coronary risk. Clin Chem Lab Med 2004 ;42(12):1355-1363.


15.Yusuf S, Hawken S, Unpuu S, Dans T, Avezum A, Lanas F, et al. Effect of potentially modifiable risk factors associated with myocardial infarction in 52 countries (the INTERHEART study) : case-control study. Lancet 2004 ;364:937-52.


16.Sniderman Ad, Furberg Cd, Keech A, Roeters Van Lennep Je, Frohlich J, Jungner I, et al. Apolipoproteins versus lipids as indicies of coronary risk as targets for statin theraphy : analysis of the evidence. Lancet 2003 ;361:777-80.


17.Wallenfeldt K, Bokemark L, Wikstrand J, Hulthe J, Fagerberg B. Apolipoprotein B/apolipoprotein A-I in relation to the metabolic syndrome and change in carotid artery intima-media thickness during 3 years in middle-aged men. Stroke 2004 Oct ;35(10):2248-52.





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